Doriane Bellet






Être là - Chap. II
Mercantour, 2025


Une récente marche sur les sentiers du Mercantour me permet d’ouvrir un nouveau chapitre à ma série Être là, qui raconte le passage : celui du berger et celui du loup, celui des millénaires sur la roche et les forêts, celui des abris construits dans les entrailles des reliefs, celui des pluies et des étés brûlants sur les alpages et les sommets pelés, et puis le mien dans cette immensité, aussi insignifiant soit-il.

Car c’est de cela dont il s’agit, et davantage encore lorsqu’on photographie des paysages modelés par la superposition de couches de temps si nombreuses que nos esprits les perçoivent comme l’éternité. L’acte photographique se manifeste ainsi comme l’expression fulgurante d’un éclat de conscience face au monde, et s’apparente moins à une tentative - vouée à l’échec - de sauvegarde qu’à un modeste commentaire, un infime prélèvement, qui restera quelque temps et quelque temps seulement entre les mains d’une poignée de vivants.