Être là - Chap. I
Vercors et Mercantour, 2022
Les cabanes non gardées sont des îlots de montagnes, petits et sommaires mais résistants aux tempêtes, au gel, aux pluies et aux soleils d’été. Certaines accueillent les bergers pendant l’estive, d’autres ont abandonné cette fontion, suite à la transformation des usages. Dès l’automne, ces abris sont ouverts aux passant·es qui les habitent furtivement, les entretiennent et les préparent pour les suivant·es.
Ils contiennent ce que l’on peut considérer comme strictement nécessaire : une table pour manger, un espace pour dormir, un poêle pour se chauffer. Le reste nous appartient. Il faut marcher pour les atteindre, faire face à l’ennui et à la peur, se fondre dans un espace tantôt hospitalier, tantôt hostile ; partager parfois notre espace avec des inconnus, et retrouver les fragilités que l’on occulte dans nos univers quotidiens ultra-sécurisés.
Lorsqu’il ne se passe rien d’autre qu’être là, le temps s’étire et passe de façon très linéaire. Les journées et les saisons redeviennent des cycles. On se concentre sur des choses infimes jusqu’à atteindre un mode d’observation et de perception vives et infiniment sensibles. Sous le toit d’un abri ouvert dressé au milieu d’un désert, le seuil entre l’intérieur et l’extérieur est incertain. Tant d’instants de disponibilité où il s’agit d’apprendre à (re)composer avec le vide.
Vercors et Mercantour, 2022
Les cabanes non gardées sont des îlots de montagnes, petits et sommaires mais résistants aux tempêtes, au gel, aux pluies et aux soleils d’été. Certaines accueillent les bergers pendant l’estive, d’autres ont abandonné cette fontion, suite à la transformation des usages. Dès l’automne, ces abris sont ouverts aux passant·es qui les habitent furtivement, les entretiennent et les préparent pour les suivant·es.
Ils contiennent ce que l’on peut considérer comme strictement nécessaire : une table pour manger, un espace pour dormir, un poêle pour se chauffer. Le reste nous appartient. Il faut marcher pour les atteindre, faire face à l’ennui et à la peur, se fondre dans un espace tantôt hospitalier, tantôt hostile ; partager parfois notre espace avec des inconnus, et retrouver les fragilités que l’on occulte dans nos univers quotidiens ultra-sécurisés.
Lorsqu’il ne se passe rien d’autre qu’être là, le temps s’étire et passe de façon très linéaire. Les journées et les saisons redeviennent des cycles. On se concentre sur des choses infimes jusqu’à atteindre un mode d’observation et de perception vives et infiniment sensibles. Sous le toit d’un abri ouvert dressé au milieu d’un désert, le seuil entre l’intérieur et l’extérieur est incertain. Tant d’instants de disponibilité où il s’agit d’apprendre à (re)composer avec le vide.